La réindustrialisation est impossible en restant dans l’UE

En 1970 l’industrie représentait 35% du PIB Français. Cela faisait de la France la 4ème puissance industrielle de la planète derrière l’Allemagne, le Japon et les Etats Unis.

Des économistes US prédisaient même que la France était sur le chemin d’être la 1ere puissance économique européenne. Aujourd’hui cette proportion n’est plus que de 9%. Il s’est donc passé quelque chose de violent, et qui continue.

Aujourd’hui il nous allons voir pourquoi la France ne peut pas se réindustrialiser.

Alors que s’est il passé dans les années 1970 pour donner un coup d’arrêt à l’expansion de l’industrie Française ?

Est-ce parce que les Français seraient moins vaillants que leurs concurrents, comme le veut une thèse ancienne? Pour les tenants de ce point de vue, ce sont les 35 heures preuve de la paresse des Français qui seraient à l’origine de notre déclin industriel.

Leur impact a cependant été largement amorti par le fait qu’en réalité sur le terrain dans le privé les dérogations sont nombreuses. Personnellement je connais beaucoup de salariés du privé et pas seulement des cadres, qui travaillent plutôt 40 heures que 35. D’ailleurs quand sont arrivées les 35 heures le 1er Janvier 2000, cela faisait près de 30 ans que la France se désindustrialisait.

Il y a donc une cause plus ancienne et plus forte que les 35 heures.  Cette cause, c’est le dopage artificiel de notre monnaie.

Il y avait un problème monétaire international depuis l’après 2ème guerre mondiale, qui était la tendance de la monnaie allemande a s’apprécier vs les autres. Le Deutsch Mark montait irrésistiblement contre notamment le Dollar US, le franc Français et les autres monnaies des pays du marché commun.

C’était la conséquence de la compétitivité supérieure de l’économie allemande. Ce phénomène avait pour la France l’inconvénient de réduire le pouvoir d’achat de sa monnaie vs le DM. Mais le revers positif de cela est que les entreprises Françaises grâce à leur monnaie moins forte que le DM tenaient tête à leurs concurrentes Allemandes.

 A partir de 1972 dans le but officiel de stabiliser les changes dans les pays du marché commun, on a créé un système de limitation des fluctuations entre monnaies européennes : le serpent monétaire.

Mais le but réel n’était il pas de faire émerger un leadership économique de l’Allemagne ? La question doit être posée, tant l’issue du processus mis en place à cette époque, était prévisible.

Les devises ne pouvaient pas fluctuer entre elles de plus de 2,25%. Les banques centrales devaient intervenir sur les marchés monétaires pour vendre les devises qui montaient et acheter celles qui baissaient.  

La pression haussière permanente du DM, générait des tensions qui finiraient par faire craquer ce corset artificiel. C’est arrivé en 1979, le serpent monétaire a été remplacé par une version plus souple sous le nom de SME : système monétaire européen.  

La conséquence de ces initiatives depuis 1972 a été pour la France de soutenir artificiellement le Franc et en même temps d’émousser chaque jour davantage sa compétitivité vs l’Allemagne.

S’en suivirent rapidement les conséquences: pertes de marchés, puis fermetures d’entreprises industrielles, c’est à dire la désindustrialisation.

L’euro est le descendant de ces systèmes. Cette fois on a poussé le principe à son extrême en extrême en créant avec l’union européenne en 1993 une monnaie unique. Mais c’est forcément une côte mal taillée entre une monnaie adaptée aux pays bas ou l’Allemagne, et une monnaie pour la Grèce.

Le résultat c’est un Euro qui est pour la performance industrielle de l’Allemagne une monnaie faible qui favorise ses exportations vers le France. Il est pour l’industrie Française une monnaie trop forte qui freine ses exportations vers l’Allemagne.

En même temps il donne du pouvoir d’achat aux importateurs Français de produits Allemands. Exemple de conséquences : les ventes de voitures allemandes sont favorisées en France parce que leur prix en euro est moins élevé pour les acheteurs Français que s’ils devaient les payer dans la monnaie nationale Allemande le DM.

Pour des raisons symétriques, les ventes de voitures Françaises en Allemagne seraient plus importantes si elles étaient vendues en franc monnaie moins forte que l’€ ou le DM.

C’est la même entrave monétaire qui explique en partie notre déficit commercial insensé vs la Chine, Chine qui d’ailleurs fait avec sa monnaie l’inverse de nous : elle la maintient artificiellement faible.    

Ce mécanisme a démontré depuis 50 ans sa force destructrice pour notre industrie. Tant qu’il existera il produira les mêmes effets.

Face à la force des choses, les rodomontades du président ou de ministres sur la réindustrialisation sont des emplâtres sur une jambe de bois. Tant que la monnaie plombe notre compétitivité à l’export la désindustrialisation va continuer.  

Les idéologues nous dirons que la vraie solution est que nous devenions aussi compétitifs que les Allemands. Yaka ramener le niveau de nos dépenses sociales à la moyenne de l’ue, yaka diminuer le nombre de fonctionnaires…

Donc « yaka » Fondamentalement ils ont raison ! Mais en France jusqu’à présent aucun gouvernement n’y est parvenu. En attendant le boulet qu’est l’Euro pour notre compétitivité aggrave les conséquences de ces faiblesses structurelles de la France.

La sortie de l’euro finira par s’imposer non comme un choix en lui-même vertueux mais comme une sortie de secours pour éviter la destruction terminale de notre industrie. 

Dites-moi dans les commentaires si vous pensez que la sortie de l’euro, est le préalable à toute politique de réindustrialisation de la France, on si une autre voie vous paraît possible.

Vous pouvez aussi m’écrire directement sur questionsfinances@gmail.com

Pierre Maumont

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